A l’approche de la rentrée scolaire, il peut s’avérer pertinent pour ceux qui évoluent dans le domaine de l’éducation de prendre un moment pour se re-lier à leurs motivations premières à choisir cette carrière. Parmi les besoins fondamentaux de l’être humain, on notera le besoin de sens, de compétences et de liens sociaux et il est important de nourrir ces besoins aussi bien dans la sphère personnelle que professionnelle pour un bien-être global.
Cependant, le métier d’enseignant.e et les responsabilités qui en découlent exigent un éventail de plus en plus large de connaissances et de compétences et reprendre le chemin des écoliers peut être tout autant source de stress et d’anxiété pour les enseignant.e.s que pour les élèves : il leur faudra s’assurer de suivre le programme fixé par l’éducation nationale et de le finir dans les temps impartis, tâche d’autant plus capitale pour ceux qui préparent leurs élèves à passer le brevet ou le bac ; il leur faudra faire preuve d’attention afin de potentiellement participer le plus activement possible à la détection des difficultés et troubles d’apprentissage de certains élèves mais également de flexibilité et de créativité afin d’adapter aux besoin de chacun leur pédagogie, le contrôle des connaissances et les examens, ainsi que le matériel et les supports pédagogiques ; il leur faudra également accueillir les interactions avec les parents, quelles qu’elles soient, avec ceux qui sont plutôt invisibles et qui n’apparaissent qu’au moment où les difficultés ne peuvent plus être ignorées ou avec ceux qui souhaiteraient un compte-rendu quasi-quotidien de la journée de leurs enfants. Et puis surtout, et malgré tout, il leur faudra garder à l’esprit le but premier de l’éducation : la transmission de savoirs et de connaissances.
Ainsi, afin de commencer l’année dans les meilleures conditions, il peut être très porteur et satisfaisant de faire un point sur tous les moments positifs et agréables des mois, voire des années précédentes, qui ont pu s’avérer être des bains révélateurs de compétences et de ressources cachées qui, une fois mises en lumière, peuvent élargir la boite de compétences et de stratégies de l’enseignant.e. En effet, les recherches en psychologie positive menées au cours des deux dernières décennies ont permis de mettre à jour un grand nombre de pratiques qui ont par la suite été validées et qui ont entre autre démontré que la capacité des individus à réorienter leur attention vers les moments et expériences positives du quotidien, à identifier leurs forces et leurs compétences, et à porter un jugement positif sur eux-mêmes peut grandement favoriser et développer leur bien-être. Pour cela, je vous propose de prendre un moment pour répondre en toute bienveillance et authenticité aux questions suivantes, voire en le faisant à plusieurs avec des collègues:
L’objectif de ces questions est de reporter l’attention sur ce qui fonctionne, sur ce que l’enseignant sait déjà faire et de repositionner la lumière sur ce que cette prise de conscience peut lui permettre dans son quotidien ; il ne s’agit pas d’acquérir de nouvelles compétences mais plutôt de rendre encore plus visibles celles qui sont déjà présentes afin de les renforcer et de permettre à l’enseignant.e de les avoir plus facilement à l’esprit et de pouvoir y avoir recours avec facilité si le besoin se présente. Une dernière question pourrait être de compléter la phrase suivante : « les enfants ont de la chance de m’avoir comme enseignant.e parce que… ». Lorsque je propose cette activité dans mes ateliers, les participant.e.s se sentent souvent gêné.e.s d’avoir à finir la phrase et évoquent leur inconfort à « s’envoyer des fleurs ». Cependant, cette capacité à s’auto-évaluer de façon positive va permettre de développer plus de confiance en ses propres ressources et de se sentir plus efficace dans son rôle, de mieux connaitre et reconnaître ses qualités et ses compétences afin de pouvoir plus facilement les utiliser dans les moments difficiles, et de développer un regard et une attitude bienveillante envers soi-même et son métier.
Il est également important de noter que le regard que l’on porte sur soi-même va influencer le regard que l’on va porter sur l’autre et, de la même manière, va influencer notre relation à l’autre ce qui est loin d’être négligeable puisque un grand nombre de travaux longitudinaux en psychologie de l’éducation ont démontré qu’une relation empathique, aimante et soutenante était fondamentale pour permettre au cerveau des élèves d’évoluer de manière optimale : l’interaction entre enseignants et élèves a une plus grande influence sur les résultats scolaires, la motivation et les compétences psychosociales que les outils pédagogiques ou la taille de la classe, démontrant ainsi que lorsque les enfants s’attachent à leurs enseignants, ils réussissent mieux à l’école avec moins de symptôme anxieux et dépressifs dans le long terme.
Andreetta di Blasio, R. (2009). La systémique à l’école, la coopération et l’approche solutionniste. Des atouts pour le développement de compétences relationnelles et des outils. Thérapie Famililale, Volume 30, ISSN 0250-4952 | pages 11 à 26
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Siekkinen, M., Pakarinen, E., Lerkkanen, M.-K., Poikkeus, A.-M., Salminen, J., Poskiparta, E., & Nurmi, J.-E. (2013). Social Competence Among 6-year-old Children and Classroom Instructional Support and Teacher Stress. Early Education & Development, 24(6), 877–897. https://doi.org/10.1080/10409289.2013.745183
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. Education. Université Paul Valéry – Montpellier III.