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La mise à l’écart

Ces derniers temps, nous avons beaucoup entendu parler de mise à l’écart, mise au coin, ou encore de la chaise de retour au calme… En tant que professionnelle de la petite enfance, je pense qu’il est nécessaire et important de différencier la forme du fond. Ce que j’appelle la forme, c’est la technique, le procédé utilisé ; dans ce cas précis : la mise à l’écart physique de l’enfant. Ce que j’appellerais le fond, c’est ce que l’adulte va mettre derrière cette mise à l’écart, comment l’action va être présentée et mise en place, le sens qui lui sera donné.

Il y a quelques années, je travaillais dans une école maternelle Montessori et je me souviens d’un jeune enfant d’environ 3 ans qui avait à plusieurs reprises frappé ou mordu ses petits camarades de classe. Au sein de l’équipe éducative, nous savions que le contexte familial était plutôt difficile et pour moi, il était hors de question de culpabiliser l’enfant ou de le punir pour ce comportement. Quand le besoin se présenter, je l’invitais donc à venir s’assoir sur une chaise que je positionnais dans un coin plus tranquille de la classe avec vue sur ce qu’il s’y passait et surtout pas face au mur. 

Je le verbalisais en lui disant que je pouvais voir que c’était difficile pour lui de jouer avec ses camarades et que je l’invitais à prendre un petit moment pour lui, pour retrouver son calme, en sachant que communiquer avec un ton bienveillant est implicite pour moi. Je lui disais que lorsqu’il se sentirait prêt, il pourrait quitter la chaise et reprendre son activité. Mon invitation a toujours été bien accueillie : l’enfant restais assis quelques minutes sur la chaise puis, quand il se sentait prêt, il se levait pour redevenir un participant actif dans la classe. 

Un jour, je le vois assis sur une chaise au même endroit où j’avais placée une chaise par le passé. Je m’approche pour lui demander pourquoi il est assis là et il me répond tout naturellement qu’il avait besoin d’un peu de temps pour lui, en utilisant la même formulation que j’avais moi-même utilisée précédemment. Je me souviens lui avoir dit que c’était chouette qu’il puisse observer ce dont son corps avait besoin et je l’ai laissé faire ce qu’il avait besoin et choisi de faire. 

Pour moi, mettre un enfant à l’écart n’est pas forcément une punition ou une stratégie d’exclusion. C’est aussi un moyen d’apprendre à l’enfant à prendre du recul sur une situation. Ce qui fera la différence, c’est la bienveillance avec laquelle on présentera les choses et surtout, le sens qu’on y rajoutera. C’est aussi une façon de se retirer d’une situation qui ne nous convient pas ou dans laquelle on ne sent pas bien et le message est que c’est ok de prendre un petit moment pour soi, loin des autres, lorsqu’on en ressent le besoin. 

D’ailleurs, il m’est parfois arrivé d’aller moi-même m’assoir sur une petite chaise pour quelques minutes et si les enfants me demandaient ce que je faisais, je leur disais que j’avais besoin d’un petit moment pour moi, que mon corps avait besoin d’un peu de calme et de tranquilité, et je trouve que c’est une chouette compétence à développer chez les enfants.


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